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Gérard Tissot-Robbe, éleveur et historien « J'AIME À M'INTERROGER DEVANT LES CHOSES »

© J.-M.V.

Gérard Tissot-Robbe a trouvé, dans la rédaction de livres sur le Premier Empire, une façon de satisfaire sa soif d'apprendre et de comprendre toute chose qui l'entoure. Il travaille à son cinquième.

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Une ferme de 60 hectares où rien n'est laissé au hasard (jusqu'aux fleurs embellissant l'étable), une trentaine de laitières à 8 000 kg de moyenne... Gérard Tissot-Robbe, 54 ans, est un professionnel de l'élevage accompli. Passionné par ses montbéliardes (on est dans le Haut-Doubs), mais raisonnablement. S'il n'est pas « fana » de concours, il ne laisse néanmoins à personne le soin de faire son planning d'accouplements. L'homme est aussi passionné par son métier de producteur de lait franc-comtois. Le morceau de comté ou de mont-d'or n'est jamais loin quand il vous reçoit pour discuter.

TOUT SAUF OISIF

Avec trois enfants à élever, Gérard n'aurait pu être que cela et avoir une vie bien remplie. C'était sans compter que l'oisiveté physique et intellectuelle n'est pas vraiment dans les gènes familiaux. L'exemple vient d'en haut. Son père, Pierre, bientôt 80 ans, continue de donner la main sur l'exploitation. Ses visites lors de la traite du soir (aux pots trayeurs) sont l'occasion de discuter avec son fils, non pas des vaches mais des derniers livres lus. Il en dévore deux par jour.

SOIF D'APPRENDRE

Le truc de Gérard, c'est l'histoire, l'influence de ce grand-père, qui lui parlait beaucoup de 14-18 ; mais également de cette grand-mère très érudite. L'histoire s'est révélée un terrain idéal pour satisfaire sa soif d'apprendre et de comprendre tout ce qui l'entoure. Il s'y plonge pleinement quand sa vie prend une nouvelle voie après la séparation avec sa compagne. Soucieux d'aller au fond des choses, l'autodidacte se focalise sur une période précise, le Premier Empire. Auteur d'une soixantaine de livres, Jean-Marie Thiébauld, historien, se souvient encore de sa première discussion avec cet étrange paysan des Fourgs, rencontré lors d'une inauguration. « J'ai découvert une personne qui avait une somme de connaissances impressionnantes sur cette période. » D'autres auront plus de mal à accepter cet autodidacte non issu du sérail universitaire et agriculteur de surcroît. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il s'est fait un nom. « Il est l'un des vingt meilleurs connaisseurs de l'Empire en France », note Jean-Marie Thiébauld.

COMPLICITÉ

De cette rencontre naîtra une vraie complicité. Gérard apprendra beaucoup sur le plan méthodologique pour conduire ses recherches. Ils cosigneront quatre ouvrages. Le dernier paru (700 pages) a demandé un travail de fourmi et sept ans de recherche, l'occasion pour Gérard de courir encore plus que d'ordinaire... comme à Paris aux Archives nationales. Cet ouvrage retrace l'histoire de ceux qui, sur la fin de l'Empire, se sont opposés aux occupants russes et autrichiens. Il a été préfacé par Jean Tulard, sommité internationale sur l'époque napoléonienne : une vraie reconnaissance.

JEAN-MICHEL VOCORET

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